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14 Feb

Banlieues, l'etat d'urgence mediatique

Publié par djeb75  - Catégories :  #Société

Nous sommes en periode éléctorale, donc, il semblerait qu'il ne faille pas faire de vagues avant les éléctions n'est ce pas?

Banlieues l’état d’urgence médiatique
Le 07/02/2007 à 0 h 00 - par Solenne Marion

Quoi de neuf dans les banlieues parisiennes ? Depuis novembre 2005, les médias n’ont plus beaucoup « d’émeutes » à se mettre sous la dent. « L’état d’urgence » est levé mais la question du traitement médiatique des banlieues reste en suspens. Elaborer « une charte des bonnes pratiques journalistiques » : tel était le but d’un débat organisé le 3 février à l’espace jeune de l’Ile Saint-Denis, entre journalistes et acteurs des quartiers.

 

 « Dans ma rédaction, personne ne se porte volontaire pour aller faire un sujet dans les banlieues. De nombreux journalistes parisiens n’ont d’ailleurs jamais mis les pieds dans un quartier », dixit Elsa Vigoureux, reporter « ès banlieues » au Nouvel Observateur. Coup d’œil dans l’assemblée réunie à l’Espace Jeune de l’Ile Saint-Denis : dehors aucune voiture ne brûle et la balade dans le 9-3 un samedi matin n’a pas ameuté la presse.

Casquettes, rap, tournantes, incendies, drogue… Dix ans après le film La Haine, de Mathieu Kassovitz, les images de banlieue qui font « la une » rappellent encore un concentré des vieux clips de NTM. Pour les principaux acteurs des quartiers dits sensibles, l’« état d’urgence médiatique » est plus que jamais d’actualité. Reste à construire des ponts entre les grandes rédactions nationales et les habitants de la couronne : des deux côtés on dénonce une frontière invisible mais infranchissable, entretenue par une crainte réciproque.

« Il y a eu les émeutes, Harry Roselmack puis plus rien… Si les médias s’intéressaient au quotidien des quartiers populaires avec la même empathie que le JT de Jean-Pierre Pernaud pour celui de la France rurale, la question du traitement médiatique des banlieues ne se poserait pas » résume Erwan, responsable du service communication de « Ressources Urbaines », la seule « agence de presse des quartiers ».

Faute de pouvoir attirer l’attention de la presse nationale sur le quotidien des banlieues, leurs habitants ont décidé de prendre les choses en main. Et les médias alternatifs sont en pleine expansion. « Fumigène », magazine trimestriel indépendant monté par « des journalistes en herbe ou de simples lascars » se veut le haut-parleur de la littérature de rue ; « Dawa », fruit des stagiaires de l’atelier de journalisme de Bobigny, participe au « combat contre l’uniformisation de la profession de journaliste » ; les jeunes bloggeurs de Bondy enfin, ne cessent de gagner en crédibilité depuis qu’ils ont succédé sur la Toile aux journalistes suisses de l’Hebdo. « Nous sommes devenus une source d’information pour les journalistes », reconnaît non sans fierté Mohamed Hamidi, rédacteur en chef du Bondy-Blog, qui regrette néanmoins que les membres de son équipe soient « utilisés comme des fixers » par bon nombre de reporters. « Par manque de confiance, rares sont les journalistes qui acceptent par exemple de cosigner leurs articles avec un bloggueur », constate-t-il.

« Le respect » réclamé parfois à tort et à travers par les banlieusards fait écho à l’appréhension de journalistes souvent malmenés sur le terrain des « quartiers chauds ». « Développer les contacts », telle est pour Jean-Pierre Delacroix, ancien journaliste de Libération et enseignant au CFJ, la seule façon de « sortir du cercle vicieux de l’enfermement ». La perche est tendue. Etudiants en journalisme, représentants d’associations, éducateurs, sociologues, documentaristes : chacun veut apporter sa pierre à l’édifice d’« une charte des bonnes pratiques journalistiques ». En vrac : organiser des stages pour des lycéens d’établissements difficiles au sein de grands médias, sensibiliser les étudiants d’écoles en journalisme à l’histoire de l’immigration, diversifier les sujets traités par les nouveaux médias de banlieue, établir une liste lexicale à l’intention des rédactions, donner la caméra aux ados des cités…    

Au delà des maladresses, Benoît Duquesne, rédacteur en chef du magazine Complément d’Enquête apprécie « cette dynamique intéressante ». Venu participer à la rencontre « en voisin », il souligne que « cette défiance » entre des interlocuteurs qui se connaissent mal évolue et rappelle « que le propre du métier de journaliste est de se former en permanence sur  un sujet qu’il ne maîtrise pas à la base ».

 

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