Malicia - Menina mulher da pele preta

Chers lecteurs,

Au fil de l'eau l'actualité défile, et les médias s'empressent de nous peindre un tableau noir. Ces médias, y compris ce blog nous permet de recevoir mais aussi de véhiculer des informations. Je n'ai rien inscrit jusqu'à présent, et ce depuis un an! le temps défile si vite, et notre quotidien, notre travail, nos familles, nos obligations diverses, nous plongent parfois dans un mutisme parfois volontaire, parfois obligé.

Pour ma part, la vie m'a offert le plus beau cadeau que je puisse attendre depuis ma naissance à ce jour, mais également, inscrit au plus profond de mon être, ce pourquoi je me bats et ce que je défends viscéralement, c'est à dire "le métissage".

Vous savez ce "métissage" que l'on trouve beau, que l'on trouve riche, que l'on trouve curieux parfois, et parfois que l'on idéalise. 

Pour ma part, bien au contraire, je n'idéalise pas ce métissage, mais je le vis, je le défends, je l'assume, et je l'honore. Aujourd'hui, la chair de ma chair est née, et elle s'appelle Malicia. Elle est le reflet de mon engagement d'une part, mais elle est également la force et l'énergie qui me donne envie de défendre encore plus les valeurs humaines et morales qui font partie de mon quotidien, de ma vie, mais aussi du mystère et ou de la magie que je préfère conserver.

Malou, pour une fois tu fais parler de moi, et lorsque tu seras grande, en äge de lire, en âge de comprendre le sens de la vie, de ma vie, et du combat que je mène pour tenter de transmettre des valeurs profondes et humanistes, alors, j'éspère que tu seras fière de moi. Non, non, je ne suis pas un ange, ni pure, et, bien au contraire, je suis si imparfait, engagé et pourtant plein de doutes, convaincu et parfois circonspect, lumineux aux pensées parfois ténébreuses.

Mais, la vie, la société, la morale, ou plutôt l'immorale, l'inconstance et la fragilité des raports, des êtres, ainsi que le besoin de pouvoir, m'incitent souvent à rester mesuré. Mais l'engagement, n'est il pas plus fort lorsque l'on demeure mesuré? Engagement, n'est pas synonyme de dictature. Il faut, pour resister aux vents et marées adopter la position du roseau, être capable de se plier aux règles de notre société, mais toujours se redresser, sans jamais rompre avec ses convictions. Ce n'est pas un signe de lâcheté, bien au contraire, mais d'acceptation, de compréhension et de tolérance.

Tu sais, la tolérance, ce mot qu'on t'apprendra à l'école quand tu seras grande, et nous t'en apprendrons d'autres, la laïcité par exemple... Quel drôle de mot, ou plutôt quel drôle d'usage de ce mot! Surement encore un mot utilisé à bon escient par des personnes de notre Monde pour mieux faire oublier le sectarisme ou le colonialisme viscérale que nous transmettons souvent involontairement à vous, nos enfants.

Et oui! ces valeurs que l'école nous inculque, pour ne pas dire, nous impose, afin de nous prouver que l'univers dans lequel nous vivons est un exemple, et que notre modèle sociale et économique est le bon! Malou, si tu savais à quel point cette société, dans son modèle social et capitalistique plonge tant de gens dans la souffrance. Mais nous plongeons les êtres, et vous nos enfants, involontairement souvent, nous vous plongeons aussi dans ce monde mesquin et douloureux, avec l'espoir que vous serez les meilleurs pour sortir la tête or de l'eau, et être les meilleurs. 

Aux yeux de tes parents tu seras toujours la meilleure, tout comme ta soeur, mais au regard de la société, le combat sera beaucoup plus rude, et il te faudra slalomer entre humanisme et société. Ce qui me rassure, c'est qu'au travers de ton métissage, tu puiseras une double force, une double ingéniosité, et tu as un passeport pour le monde qui coule dans tes veines. Qui plus est, aujourd'hui, être métisse n'est plus significatif d'isolé, mais bien au contraire, d'une nouvelle communauté, forte et de plus en plus riche.

Riche de sens, d'intelligence, de multiplicité, d'idées, de convictions, de talents, bref, une communauté qui apporte un vent nouveau à un monde vieillissant et passéiste. Toi, vous, les enfants métisses, vous êtes à mes yeux, la plus belle ouverture que puisse offrir ce monde en pleine mutation, et être le maillon, le lien qui uni et unira les hommes de chaque continent. 

Tu es mon combat, tu es le reflet de mon engagement, tu es ma vie, et tu seras ma mort aussi.

Il m'aura fallu un peu plus d'un an pour t'écrire cette lettre, car étrangement, mon émotion me coupait de tout les mots.

Et pourtant, le seul qui me vient à l'esprit pour conclure simplement cette lettre se terminera par un "je t'aime".